LA GROTTE VALLIER
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Dans les régions calcaires, les eaux latérales sont parfois déviées vers une vallée voisine à travers des grottes qui s’ouvrent sur le flanc des vallées. C'est le cas de la grotte Vallier, au dessus de Grenoble, de la grotte des Sarrasins, également au dessus de Grenoble, ou encore de la grotte de Niaux dans les Pyrénées ariégeoises.



La grotte Vallier, s'ouvre au-dessus de Grenoble, à 1520 m d'altitude sur le versant est du Moucherotte (Vercors).
La grotte a été empruntée, il y a plus de 780 000 ans par les eaux latérales d’un glacier de l’Isère très ancien.
Ces eaux ont déposé des
galets de roche cristalline, provenant du bassin d'alimentation glaciaire de l'Isère, tel celui-ci, à la forme typiquement glaciaire, trouvé à l'intérieur de la grotte.
La datation a été effectuée par mesures paléomagnétiques sur les sédiments et concrétions de la grotte.
Taille du galet : 30 cm.
Formation de la grotte Vallier
Evolution anté-pléistocène.
Le système karstique du Moucherotte se structure en direction du niveau de base que constitue le val d'Engins.
L'enfoncement de la vallée de l'Isère entraîne le recul de l'escarpement oriental du Vercors et la réduction du bassin d'alimentation karstique.
Les réseaux karstiques sont progressivement tronqués par le recul de l'escarpement, ce qui explique leur ouverture en pleine falaise. Pareil phénomène se rencontre d'ailleurs très fréquemmeent dans les massifs calcaires.
Lorsque, au Pléistocène, les glaciers envahissent à plusieurs reprises les vallées alpines, les eaux latérales du glacier de l'Isère se sont écoulées dans la grotte Vallier, qu'elles ont donc contribué à creuser.

d'aprés J.J.DELANNOY ( AFEQ )
1 = Molasses miocénes ....- 2 = Calcaires du Crétacé supérieur----3 = Calcaires urgoniens
4 = Marnes hauteriviennes . 5 = Réseau souterrain et son exutoire ... 6 = Glacier


A titre d'information complémentaire, voici le tracé des glaciers würmiens au dessus de la cuvette grenobloise.


Lors de la glaciation très ancienne évoquée ci-dessus, la surface des glaciers se situait environ 300 m au dessus de la surface würmienne, différence à peine visible à l'echelle de la carte.

On peut penser que le cheminement des eaux de fonte dans cette zône différait relativement peu, lors de cette glaciation très ancienne, de celui représenté sur la carte pour le Würm.


QUELQUES PRECISIONS COMPLEMENTAIRES

La grotte Vallier a donc été empruntée, lors d'un épisode glaciaire très ancien, par les eaux de fonte latérales du glacier de l'Isère qui y ont déposé un matériel cristallin allochtone [Audra, 1991].
Les datations effectuées par paléomagnétisme sur les sédiments formant le plancher de la grotte ont fourni un âge supérieur à 780 000 ans, date de l'inversion Brunhes-Matuyama [Audra & Rochette, 1993].
La dernière phase de creusement de la grotte date donc d'un épisode froid du pléistocène ancien ou du pliocène supérieur.
Mais sur une durée aussi longue, l'hypothèse de mouvements orogéniques n'est pas à exclure.
On peut remarquer toutefois que les eaux n'ont pas envahi la grotte pendant le Mindel, sinon les sédiments constituant le plancher auraient été emportés.
L'orifice de la grotte se trouvait donc, au pléniglaciaire mindelien (antérieur à 400 000 ans), à une altitude supérieure ou égale à 1380 m, cote atteinte alors par le glacier de l'Isère à cet endroit [Monjuvent, 1978].
Le soulèvement de cette partie du Vercors a donc été inférieur ou égal à 140 m en un laps de temps supérieur ou égal à 400 000 ans soit une vitesse moyenne d'élévation inférieure ou égale à 0,35 mm par an.