ÔS ET KETTLES
27


Désolé, mais je n'ai aucune photo d'ôs à vous présenter.
Parlons cependant de ce type de de modelé glaciaire.
Un ôs (du suédois, le ô se prononçant "eu")est vraisemblablement formé de matériaux déposés, lors de la décrue glaciaire, dans des tunnels à la partie inférieure du glacier.

Après fusion des glaces, le remplissage subsiste, en relief, s'étendant parfois sur des centaines de mètres de longueur. Cette origine n'est pas sans rappeler un moulage à la cire perdue, disons dans ce cas à la glace perdue. Nous n'en connaissons pas d'exemple certain dans les Alpes, toutefois il en existe au moins un dans le Jura.
A défaut de pouvoir illustrer un ôs, voici une photo d'analogie
.


Pendant l'hiver, certains rongeurs creusent des galeries, au contact du sol et de la neige qui le recouvre.
À la fonte des neiges, certaines de ces galeries se remplissent de débris, et, au printemps, ces cordons éphémères subsistent quelque temps sur le sol.
Il s'agit, en quelque sorte, d'un modèle réduit d'ôs.


Je n'ai pas non plus de photo de kettle alpin à vous montrer.

Ces formes, quoique rares dans les Alpes ne sont pourtant pas exceptionnelles , mais leur fréquente situation en forêt limite les possibilités de photographie.

A défaut, voici une photo de kettles situés en Alaska, Admiralty Bay (Cliché US NAVY).



On rapprochera cette image, avec sa succession de lacs souvent rectangulaires, de la suivante, relative au delta du Mackenzie (Territoires du Nord-Ouest, Canada).
Les flèches blanches indiquent le tracé d'une route.



Un kettle (ou sölle) est un creux dans le sol, un entonnoir, une sorte de doline. D'ailleurs, certaines cartes géologiques utilisent, pour désigner les kettles, le terme de « dolines glaciaires ».
Malgré les apparences, cette forme en creux est bien due à un dépôt. En quelque sorte, il s'agit d'un phénomène inverse de celui qui a donné naissance aux ôs.

Il arrive parfois que la surface d'un glacier se recouvre d'une masse importante de pierrailles provenant d'un éboulement d'un des flancs de la vallée.
On cite par exemple l'éboulement qui, en 1997, a recouvert le glacier de la Brenva (Val d'Aoste) de plus de 2 millions de tonnes de pierrailles.

Cette masse est transportée jusque sur le front du glacier, où elle stagne un certain temps, couvrant la glace sous-jacente, qu'elle protége d'une fusion trop rapide.
Dans certains cas, des sédiments fluvio-glaciaires viennent enrober la "loupe" de glace morte recouverte de pierrailles.
Après un laps de temps qui peut s'étendre sur plusieurs siècles - voire millénaires - la glace finit par fondre, donnant naissance à un creux au milieu des terrains environnants, c'est un kettle ( de l'anglais "kettle", chaudron ).

A défaut d'une photo de kettle, voici celle d'un glacier islandais, sur lequel une éruption ou un éboulement a déposé une énorme moraine latérale ( flèches blanches).
Si le recul des glaciers se poursuit et si la masse de débris ( flèche jaune ) s'enrobe de dépôts fluvio-glaciaires, elle pourra donner naissance à un kettle.


On peut trouver des tels kettles dans les environs de Grenoble :
-- aux Seiglières, sur la route du Recoin de Chamrousse, où ils forment des entonnoirs d'une centaine de mètres de diamètre et d'une trentaine de mètres de profondeur ( Les Marais Chauds ).
-- à Vaulnaveys-le-Haut
( sur la carte géologique, ces kettles sont dénommés "dolines glaciaires" ).
-- sur la terrasse fluvio-glaciaire de Vinay ( vallée de l'Isère, vers Saint Marcellin ), en particulier aux points de coordonnées UTM WGS 84 suivantes :
- 0692700 / 5009100 Altitude = 220 m
- 0693100 / 5009300
- 0693200 / 5009600
Le premier de ces trois kettles mesure 120 m de diamètre et 15 m de profondeur environ.