Dans certains cas toutefois, l'action des eaux de fonte du glacier n'est peut-être pas à exclure.
En effet, on sait maintenant, en particulier grâce aux explorations effectuées par Louis Reynaud dans la Mer de Glace en 1986, que, dans les zones d'un glacier soumises à une fonte estivale, les eaux de fonte, grossies parfois de celles provenant des névés des versants, circulent de préférence le long des rives, à une centaine de mètres au maximum sous la surface.
En dessous de cette profondeur, l'observation, ainsi d'ailleurs que le calcul, montre en effet que, sous l'action du poids des couches supérieures, toute fissure a tendance à se refermer par fluage de la glace. Le glacier se comporte alors comme une masse imperméable.
Pour en savoir plus sur la circulation des eaux glaciaires
Ces eaux, très chargées en éléments rocheux de toutes tailles, sont particulièrement abrasives.
Circulant le long des flancs des vallées, à une altitude fonction du niveau du glacier, donc variable au cours d'une glaciation, elles semblent susceptibles d’avoir participé au creusement des sillons rocheux, tout au moins pour ceux d'entre eux situés à une altitude assez basse pour permettre la fusion de surface du glacier.
L’érosion des épaulements par la glace et éventuellement par ces eaux de fonte peut d'ailleurs fournir une autre vision de la structure en auges emboîtées, classiquement attribuée à la succession de plusieurs glaciations.
Dans aucun des sillons rocheux que nous avons parcourus nous n’avons toutefois trouvé de trace d'une érosion par les eaux courantes, mais nous pensons qu'un éventuel modelé torrentiel par les eaux de fonte estivales a fort bien pu être effacé par l’action de la glace qui, elle, s'exerçait pendant la plus grand partie de l'année.
Voir à ce sujet la page Les sillons de Seyssinet-Pariset
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Un chenal radial creusé dans la moraine frontale d'un stade de repli du glacier de l'Isère, dans les environs de Voiron (Isère). La flèche indique le sens de circulation des eaux de fonte. |