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LE RAVINEMENT DES COINS ( DEVOLUY )
Le rebord est du Dévoluy ( Hautes-Alpes ) allonge, sur plus de 15 km, au dessus de pentes inférieures marno-calcaires tertiaires, sa crête de calcaire sénonien. Les pentes sont uniformes, plus accusées dans les terrains sénoniens que dans les marno-calcaires inférieurs. Une exception, toutefois : sous la Tête de la Madeleine, un ravinement important, celui des Coins, entame la paroi. Du point de vue tectonique comme du point de vue lithologie, rien ne justifie l'emplacement, à cet endroit précis, de cette forme d'érosion. Aucun bassin d'alimentation ne domine le ravinement. |
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Vue d'avion du ravinement des Coins |
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On peut remarquer, par contre, que le ravinement se situe exactement en face du débouché du glacier qui collectait les glaces du versant nord de la Montagne de Barges ainsi qu'un partie de celles de la calotte glaciaire du Plateau de Bure et qui était contraint, ici, d'effectuer un coude brutal à 90 degrés vers le Nord-Nord-Ouest. Ce glacier repoussait contre le versant de la Tête de la Madeleine les glaces et les eaux de fonte du petit glacier descendant du col de Rabou. L'existence et la position de ce ravinement nous paraissent donc avoir été initiées par l'érosion glaciaire, soit par la glace elle même, soit par les eaux de fonte superficielles qui couraient contre le versant. |
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LE BOIS RIBAY
Deuxième exemple, le Bois Ribay, rive gauche du Drac, en face du confluent avec la Bonne. Ce ravinement, qui entaille le versant est du Serre des Aigles culmine à 870 m, exactement à l'altitude du lac würmien du Beaumont, tel que nous l'avons étudié à la page Les anciens lacs du Beaumont et du Champsaur Nous proposons l'explication suivante : On sait que la langue terminale du glacier würmien de la Bonne venait barrer la vallée du Drac, formant un dépôt d'obturation qui retenait le lac du Beaumont. Rongé par les eaux de celui-ci, le glacier se terminait donc par une falaise de glace subverticale. Un exemple d'une telle falaise Le cours du Drac, émisaire du lac, était rejeté par le glacier contre la rive gauche où il coulait entre le versant et la moraine frontale du glacier, à une centaine de mètres sous sa surface. Le Drac a conservé ce tracé après comblement des deux lacs par les alluvions sur lesquelles il coulait. C'est l'érosion due au Drac qui nous paraît donc être responsable de ce ravinement du Bois Ribay. Cette disposition se rencontre actuellement dans le Val Veni ( Val d'Aoste ), en face des langues terminales des glaciers du Miage italien et de la Brenva. On consultera utilement à ce sujet la page
Les dépôts lacustres |
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LE BOIS DES VOUILLANDS La zone concernée par l'étude est représentée en gris sur le schéma ci-contre et entourée d'un tireté blanc sur la photo ci-dessous. Sa surface peut être estimée à 2 km2. La route d'accés à Saint-Nizier-du-Moucherotte qui la contourne constitue la seule voie de pénétration aisée à l'intérieur du Vercors, toutes les autres nécessitant des tunnels. Les autres indications portées sur cette carte se réfèrent à la page Les sillons de Seyssinet-Pariset |
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On voit que cet angle du Vercors a été emporté par une très importante érosion.
Mais où sont passés les énormes volumes de roches disparus ? Ont-ils été emportés par les glaciers ? Ont-ils été engloutis dans les profondeurs de l'ombilic grenoblois ? Nous nous saurions dire..... |
..... mais on peut s'interroger sur les raisons qui ont motivé la localisation de l'érosion à cet endroit. On peut remarquer que les couches supérieures du glacier würmien franchissaient l'épaule des Guillets sur une épaisseur d'une cinquantaine de mètres. (voir La crête des Guillets). La partie supérieure de la falaise sommitale s'élève à 950 m environ, soit une centaine de mètres en dessous de la crête des Guillets, ce qui semble être la règle pour ce type d'érosion. Nous proposons l'explication suivante : Examinons la carte de surface des glaciers würmiens au-dessus de Grenoble. |
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Parvenu au-dessus de l'ombilic, le glacier de l'Isère (1) était contraint à effectuer un virage brutal à angle droit pour descendre la cluse de l'Isère en direction de Voreppe. Une partie des glaces obliquait toutefois légèrement vers le sud pour gagner les vallées de la Gresse (4) et du Drac (5). Les eaux de fusion de la rive gauche du glacier de l'Isère, rejointes bientôt par celle du glacier de la Romanche (2), circulant à une centaine de mètres sous la surface, ne pouvaient en faire autant, empêchées qu'elles en étaient par l'obstacle que leur opposait ce dernier glacier. Elle suivaient donc vraisemblablement le chemin indiqué par les flèches jaunes et se retrouvaient plaquées contre l'angle nord-est du Vercors, au Bois des Vouillants. Nous pensons que ce sont ces eaux qui ont dû initier ici l'érosion que nous venons de décrire, poursuivie ultérieurement par l'action du glacier lui-même. A chaque interglaciaire, les écroulements de versant ont dû certainement jouer également leur rôle. |
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L'Echine de Praouat s'allonge sur 6 km au nord de la vallée de la Romanche, jusqu'aux crêtes qui font frontière avec la Maurienne. Sur son versant ouest, l'échine est marquée par plusieurs ravinements, repérés 1, 2 et 3. Sur place comme sur la carte qui suit, il est facile de constater qu'ils se situent en face des débouchés des vallons glaciaires qui sillonnent le versant est du massif des Grandes Rousses. |
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Nous avons affaire ici à des ravinements et non, comme dans l'exemple précédent, à des falaises. Mais, ici aussi, l'érosion ne s'étend pas jusqu'à la crête, le sommet des ravinements se situe une quarantaine de mètres plus bas, sauf pour le ravinement 3, nous verrons plus loin pourquoi. Nous pensons donc voir également ici l'action des eaux de fonte, courant sous la surface du glacier, moins actives sans doute qu'au Bois des Vouillands, compte tenu d'une altitude plus grande, donc d'un débit moins important, mais s'attaquant à des schistes jurassiques beaucoup moins résistants que les calcaires sénoniens du Vercors. Le schéma nous paraît pouvoir être le suivant : Les glaciers qui descendaient le versant est des Grandes Rousses venaient se heurter à l'Echine de Praouat. Ils la franchissaient, mais sous une faible épaisseur de glace. Ce fait est attesté par la présence sur l'arête de plusieurs lambeaux de moraine. Les eaux de fonte suivaient le trajet jalonné de flèches jaunes et coulaient le long du versant ouest de l'Echine, érodant les schistes tendres jurassiques et y creusant les arrachements 1 et 2. Quant au glacier qui descendait en face de l'arrachement 3, il se trouvait en face de la plongée de l'Echine vers le sud, moins élevée, et ici les eaux de fonte pouvaient, tout au moins au maximum glaciaire, franchir la crête et marquer leur empreinte jusqu'à son sommet.
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Enfin, notons deux cas analogues dans les environs du Bourg d'Oisans ( Isère ) :
- L'un en face du débouché de la vallée de la Sarenne, descendue de l'Alpe d'Huez.
Ici c'est sous le sommet de Prégentil que la glace et/ou les eaux latérales ont creusé les ravinement du Bout du Monde, dont l'instabilité menace fréquemment cette bourgade.
Ces ravinements culminent à 1850 mètres environ, pour des altitudes des glaciers de 1780 mètres au Würm et 1900 mètres environ au Riss.
- L'autre au col de la Buffe, en face du débouché de la vallée de Villard-Reymond.
Ce ravinement culmine à 1780 m, cote également compatible avec l'altitude du glacier rissien à cet endroit, proche de 1900 m ( voir La vallée de la Malsanne ).
Dans tous les cas que nous venons de considérer, il n'existe, au-dessus des ravinement, aucun bassin d'alimentation susceptible d'avoir collecté les eaux météoriques.